vendredi 23 avril 2010

Rappel sur les relations franco-roumaines

C'est en décembre 1989 que les Français ont découvert - avec un grand étonnement qu'à l'autre bout de l'Europe, à 2300 km de Paris, il y avait des Roumains s'exprimant parfaitement en français devant les caméras de télévision et les micros des radios.Malgré les vicissitudes de l'histoire de Roumanie pendant tout un demi-siècle, la francophonie et la francophilie sont restées vives dans l'âme et le coeur des Roumains, pour lesquels la langue française n'a jamais été un simple moyen de communication, mais a été bien plus : une façon de communiquer avec le monde. Le cas de la Roumanie est particulièrement intéressant. L'expansion du français dans les provinces danubiennes de Moldavie et de Valachie est considérable au XVIIIe siècle. Ceci tient à deux causes : linguistique car le roumain est une langue romane (donc proche du français) et historique . Nombreux écrivains roumains ont choisi d'écrire leurs oeuvres dans la langue internationale la plus accessible - le français. 1750- L’ influence de la langue française a commencé en Roumanie par l'apprentissage et l'usage du français, ensuite par l'adoption de certaines idées, pratiques, manières, codes et coutumes spécifiquement français et n'a pas cessé depuis, même pendant la guerre froide. Cette influence française a modelé la pensée et la sensibilité roumaines, a développé la francophilie des Roumains et, actuellement, peut être identifiée dans l'ensemble des manifestations de la spiritualité roumaine : politiques, sociales, culturelles, linguistiques. Plus de 50 % des mots roumains actuels sont d'origine latine et française . L'influence française en Roumanie est aujourd'hui facilement reconnaissable dans l'esprit roumain, en politique aussi bien qu'en ce qui concerne la législation, dans les oeuvres littéraires comme dans l'approche administrative, dans l'enseignement ou dans la vie sociale, mais surtout dans le statut tout à fait privilégié de la langue française. Un exemple parmi d'autres : le Code civil roumain, promulgué en 1864, a eu comme modèle le code civil Napoléon . Selon des statistiques non officielles, actuellement un Roumain sur quatre s'exprime en français et plus de 40% des jeunes Roumains étudient le français. Plus de 60 écoles roumaines ont organisé des classes de langue française et plusieurs écoles roumaines dispensent déjà leurs cours intégralement en français. C'est au sommet francophone de 1993 que la Roumanie est devenue membre à part entière de la Francophonie - la grande famille réunissant tous les pays et les territoires ayant en partage l'usage de la langue française. Les premiers Roumains à avoir étudié en France ont été - au début du XIXe siècle - les fils des princes régnants et des boyards de Valachie et de Moldavie. La plupart avaient eu des précepteurs français à la maison ou avaient fréquenté des pensionnats dirigés par des professeurs français établis dans les principautés danubiennes. Parmi ceux-ci il y avait le fils (beizadea) du voïvode Michel Sturdza de Moldavie et Ion Ghica - le fils du "grand ban" Démètre Ghica. Plus tard, les futurs hommes politiques roumains sont, eux aussi, allés en France : C.A. Rossetti, Nicolae Balcescu, Ion C. Bratianu et ses fils (Ionel, Vintila et Dinu). Ils y ont étudié le droit et les sciences politiques. À partir du XIXe siècle, de nombreux écrivains, artistes, hommes politiques, scientifiques et universitaires roumains ont étudié ou ont complété leurs études en France. Parmi eux figuraient les écrivains( Vasile Alecsandri, Alexandre Odobescu, Titu Maiorescu, Ioan Gane, Nicolae Iorga, Mircea Eliade, Alexandre Macedonski,etc) , et les artistes (George Enescu, Constantin Brancusi, Nicolae Grigorescu, Ion Andreescu, Stefan Luchian, Stan Golestan, Dinu Lipatti, Mihail Jora ,etc)
De la même époque , ou remarque l`activité des hommes politiques Nicolae Titulescu, Alexandre Ioan Cuza,des scientifiques et les universitaires Petru Poni, Constantin Istrati, Emanuel Bacaloglu, Gheorghe Titeica, Dimitrie Pompei, Emil Racovita, Victor Babes, Ion Cantacuzino, Dragomir Hurmuzescu, Constantin Miculescu, Alexandre Ciurcu, etc.
Les premières décennies du XIXe siècle ont représenté pour la Valachie et la Moldavie les débuts de l'enseignement technique supérieur (puisque les premières écoles d'ingénieurs ont été fondées en Moldavie, en 1813, par Gheorghe Asachi, et en Valachie, en 1818, par Gheorghe Lazar).
Petrache Poenaru a enregistré le premier brevet d'invention déposé par un Roumain en France et en 1841 il a publié le premier dictionnaire français-roumain
Ion Ghica (1817-1897) - mentionné ci-dessus - a été non seulement un grand homme politique, un économiste et un écrivain mais aussi le premier ingénieur roumain des mines (diplômé en 1840 de la très célèbre École des mines de Paris, fondée en 1783). Entre autres, Ion Ghica a été l'un des fondateurs de l'Association des étudiants roumains de Paris .
Les Roumains francophones et francophiles souhaiteraient que les autorités françaises sachent développer proritairement en Roumanie une politique linguistique adéquate en accentuant les efforts entrepris et en s'engageant financièrement davantage afin de : diffuser massivement des manuels d'enseignement de tous niveaux et de toutes disciplines, développer des enseignements scientifiques et techniques en langue française, organiser des stages en France pour les professeurs roumains de français et pour les autres professeurs francophones, aider toute initiative locale d'enseignement du français hors scolarité (par exemple dans le cadre associatif) et plus particulièrement à l'intention des adultes.
À notre avis, l'enseignement de la langue française doit être toujours considéré comme prioritaire en Roumanie, parce que : c'est le meilleur moyen de faciliter les échanges culturels, scientifiques et techniques,l'existence d'une francophonie active est une voie d'accès privilégiée au marché roumain.
Il en résulte que à notre avis, le français est à la fois : une langue littéraire prestigieuse, une langue philosophique et scientifique rigoureuse et la langue d'innombrables inventions et applications techniques, une langue internationale, la langue officielle de la diplomatie au même titre que l'anglais, et aussi la langue de la quatrième puissance industrielle, agricole et commerciale - la France.
BRÈVE CHRONOLOGIE D'UNE LONGUE HISTOIRE D'AMOUR ; LES RELATIONS FRANCO-ROUMAINES "ANTÉBELLIQUES" Au XVIII e siécle les oeuvres des classiques français (Bossuet, Racine, Corneille, La Fontaine, Boileau, Molière) circulent en version originale dans les bibliothèques privées moldaves et valaques.Les premiers professeurs français de français enseignent dans les familles de grands boyards moldaves et valaques.Pendant cette période sont réalisées les premières traductions en roumain des oeuvres des classiques français.Après 1789 les idées de la Révolution française se répandent dans les principautés danubiennes ainsi qu'en Transylvanie. Un grand nombre de Français nobles et d'officiers cherchent et trouvent en Roumanie refuge politique et douceur de vivre.Ils apportent non seulement des idées nouvelles, mais aussi une culture et des moeurs occidentales.
En 1794 (Bucarest) et en 1796 (Iassy) les consulats français ouvrent leurs portes dans les capitales des principautés . Des professeurs français immigrés modèlent toute une génération d'intellectuels roumains.
Au début du XIX ème siècle: les premiers étudiants moldaves et valaques séjournent en France , surtout à Paris.À la veille de la résurrection nationale, les peuples moldave et valaque recherchent un modèle de civilisation, un exemple de culture occidentale pour renforcer leurs racines latines. La culture et la civilisation françaises avaient non seulement ces qualités, mais aussi et surtout la gloire d'être, à l'époque, les meilleures au monde, à tous les points de vue .Le précepteur français J. Auguste Vaillant fonde à Bucarest, en 1830, un établissement scolaire pour les fils de bourgeois. C'est ainsi qu'il commence à répandre d'une manière organisée et rigoureuse la langue française en Roumanie.Les étudiants roumains fondent à Paris, en 1846, la Société des étudiants roumains.
L`année1848,sur les barricades de la Révolution de Paris, les drapeaux tricolores des deux pays flottent côte à côte. Toute la génération des révolutionnaires de 1848 avait fait ses études, se formait et mûrissait à Paris , ici a été fondé ici le Cercle révolutionnaire roumain (animé par les prestigieux intellectuels roumains N. Balcescu, I. Ghica, C.A. Rossetti, A.I. Cuza, etc)
En 1859 : La France soutient de tout coeur l'Union des principautés danubiennes en reconnaissant la double élection de A.I. Cuza.et en 1877, Napoléon III et la France favorisent l'obtention de l'indépendance roumaine. La Mission militaire française et le général Berthelot réorganisent entièrement l'armée roumaine et la Roumanie conclut un Traité d'alliance avec la France, la Russie, le Royaume-Uni et l'Italie , en 1916.
Au début du XX ème siècle , la France soutient la Grande Roumanie ,l'Union des ex-principautés avec la Transylvanie et la Bessarabie. La Constitution roumaine s'inspire largement de la Constitution française; et le code civil roumain, du code Napoléon (C'est ainsi que tous les actes importants de l'histoire roumaine - de 1848 à 1940 - ont reçu l'appui de la France). Les premiers accords franco-roumains de coopération culturelle et intellectuelle sont signés en 1939.Les Roumains présents en France fondent le Front national roumain.L’essence même de cette réalité se retrouve, relevée d’une façon prégnante, dans ce que Pompiliu Eliade écrivait dans son ouvrage « De l’influence française sur l’esprit public en Roumanie au dix-neuvième siècle » (Paris, 1914) : « Rarement l’action d’un peuple sur un autre fut plus complète, plus envahissante, plus enveloppante que l’influence française en Roumanie... On la reconnaît dans toutes les manifestations de l’esprit roumain, en politique aussi bien qu’en législation, dans la littérature aussi bien que dans la conception administrative ou dans la vie sociale ». L’apogée de ces relations bilatérales est atteint avec la visite du général de Gaulle en Roumanie du 14 au 18 mai 1968. Les événements qui suivent la visite du général de Gaulle en Roumanie – l’intervention soviétique en Tchécoslovaquie et la condamnation par la Roumanie des actions soviétiques – semblent soutenir l’investissement français dans le régime roumain même si d’autres événements devaient à nouveau ternir les relations franco-roumaines.En 2004 survient un véritable big bang géopolitique. L’OTAN s’ouvre le 29 mars 2004 à sept pays précédemment communistes : l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Slovaquie, la Roumanie, la Bulgarie et la Slovénie. Un communiqué de presse de la Commission européenne du mardi 26 septembre 2006 confirme l’adhésion à l’Union européenne de la Bulgarie et de la Roumanie le 1er janvier 2007.
Les relations politiques
La France est un partenaire privilégié de la Roumanie.Sur le plan politique , de manière permanente ont lieu des consultations, à tous les niveaux . Quant à la répresentation officielle,l`ambassadeur de Roumanie en France est Mr.Teodor Baconschi . L`ambassadeur de France en Roumanie est Mr. Henri Paul. Les consultats généraux de Roumanie en France : Strasbourg, Marseille, Lyon.

Coopération bilatérale :
À l`occasion de la visite du président français Jacques Chirac en Roumanie , en 1997 , a été lancé le partenariat spécial entre la Roumanie et la France.
Le 18 octobre 2004, a eu lieu la première réunion du séminaire intersouvernemental franco-roumain.À cette occasion, les deux premiers ministres ont formulé la volonté de renforcer les relations bilatérales dans une formule axée sur coordonnés européennes - «Le partenariat stratégique pour l`Europe ».
Le 31 janvier 2004, a été signé à Paris , un arrangement de coopération administrative entre le MAE (Ministère des Affaires étrangères et européennes) roumain et français , qui se déroule depuis février 2004.
À partir de 1994, jusqu`à 2009,ont eu lieu des visites entre les personnes les plus importantes de la Roumanie et de la France, comme les présidents, les premiers-ministres et parlementaires.